- Etape 8 – 9 juillet 2011- Humboldt, Sk to North Battleforth, Sk – 231km- 3h37 (moy 65km/h)
Lever 5h20. J’attendais que le temps s’améliore depuis deux jours. Aujourd’hui, après un gros orage durant la nuit, le ciel est bleu sans faille, mais les arbres se tortillent. Les conditions météo sont fortes mais possibles. Une grosse dépression s’est installée sur les prairies et elle avance et recule au gré des vents dominants, une fois sud, une fois ouest, une fois est. On n’en sort pas. Les fronts se suivent et c’est entre ces lignes de front que je vais voler. Donc se sera fort. Je bénéficie juste du fait que les rafales sont plus fortes au sud que là où je me situe. A 7h pile, appel d’un taxi pour me conduire à l’aéroport. Normalement, c’est le même que celui qui m’a amenée vérifier l’impact de la grêle sur Charlie. Il aura essayé de me trouver un bidon de 20l ou deux pour faire le plein, car la ville ne délivre l’essence que lundi, mercredi et vendredi.

Finalement, on arrive à se comprendre et je pars avec 20l de plus, ce qui devrait être suffisant. Ma route d’aujourd’hui ne peut pas dépasser North Battleford du fait des conditions météo prévues, soit environ 240km, et encore, à condition d’y arriver.
Avec l’aide et sous le regard intéressé du conducteur de taxi, je relève mon aile et je prépare Charlie. Avant de partir je le préviens que si les conditions sont trop dures, je reviendrai.

Décollage dans les rafales mais acceptables. Il fait très froid ce matin mais la lumière est belle, la visibilité très bonne, les couleurs magnifiques. Les contrastes entre le colza en fleur et les lacs d’un bleu profond sont magnifiques. La vitesse affichée est manifestement pas très importante, comprise entre 30 et 40kt. A cette allure là, les minutes de vol défilent mais les miles ne passent pas vite. Je vole assez bas car les vents sont annoncés beaucoup plus importants à 6000ft, et me feraient reculer ! Il faut dire que là où je suis maintenant, l’altitude du sol est nettement relevée par rapport au départ. C’est une particularité du Canada, il parait plat mais est constitué d’une succession de plateaux qui montent vers l’ouest. Au point que les cartes météo pour l’aéronautique n’affichent plus les vents à 3000ft puisque c’est proche de la surface.

Le froid est terrible ce matin, heureusement que je ne me départis plus des habits chauffants. Je constate que c’est même juste aujourd’hui, si le vol avait duré plus longtemps... Mais j’ai encore de la réserve en vue de la montagne. Le froid a tendance à m’endormir, ce n’est pas le moment en vol !

Les rafales font danser Charlie. Les lacs sont couverts de vagues et de l’écume se forme. Je ne me souviens plus à quel niveau cela se situe sur l’échelle de Beaufort. Ça me rappelle ma destination, la mer de Beaufort. Si j’arrive aujourd’hui à un total de 3000km, cela veut dire qu’il m’en reste 5000 pour y arriver. Mais vais-je réussir ?
Je surveille les nuages qui se développent, les traces de pluie sur le gps. Je constate encore une fois que ce n’est pas très fiable dans une grande proximité. Il pleut à ma droite et aucune trace n’apparait. Je dois rester vigilante à la réalité et anticiper. Le gps aussi fait des siennes en s’arrêtant plusieurs fois tellement ça bouge. Mais pas le spot !

Je prends plaisir à survoler ces terres de culture et d’élevage, à redécouvrir ces élevages intensifs, mais aussi les corrals des élevages extensifs. Les petits veaux dans les niches en plastique blanc m’impressionnent. Et de temps en temps, on voit des chevaux avec les vaches, des lamas, mais pas de moutons. En fait, des moutons, je n’en ai vu qu’en Nouvelle-Ecosse, l’année dernière. J’essaie d’imaginer de quelle culture il s’agit, quelle est sa hauteur et sa densité en cas d’atterrissage d’urgence, de trouver les pièges et de repérer les atouts. Les anciennes installations, avec les vieux silos, les maisons de bois, réveillent aussi les souvenirs de lectures, de films, sur les colons et leurs conditions de vie.
Mais même si je me dirige de plus en plus vers le mauvais temps, je ne prendrai qu’une seule douche dans les dix dernières minutes avant d’arriver à North Battleford. Les rafales annoncées sur l’aéroport sont de 22kt pour un vent de 18kt en surface. Je vois bien la manche à air se tortiller au bout de son mat, j’ai la chance d’avoir une piste exactement face au vent. Concentration maximum, esprit positif. Et Charlie se pose parfaitement. Je roule vers des hangars fermés, tout parait désert… Déjà, pour un aéroport en zone de contrôle, je n’avais reçu aucune réponse de contrôleur, ce qui m’avait inquiétée quant au bon fonctionnement de ma radio, ou au choix de la fréquence… mais non, il n’y a personne. Sauf que vers deux grands hangars manifestement destinés à des exploitants d’avions de traitement aérien, j’aperçois une personne. Je me dirige vers elle. Présentation, je sollicite de l’aide à cause du vent, une place dans un hangar si possible. Et c’est oui ! Je suis toujours émerveillée quand c’est oui.

Une dizaine de personnes sortent de partout, des jeunes surtout, et le chef de la place qui a pris la décision. Un des hangars est ouvert, Charlie rentré rapidement, la porte refermée. La bonne humeur règne parmi toutes ces personnes, la gentillesse, le respect entre eux.
Présentations, explications sur Charlie et on m’invite à partager le repas. Nous sommes onze autour de la table, c’est la première fois que je vois cela au Canada. Fran est le manager d’une entreprise qui fait des traitements agricoles, de l’enseignement, sur avions de loisir mais aussi sur avions de traitement, ainsi que sur l’entretien des avions. Une grosse entreprise. Mais tout est pétri de simplicité. On s’inquiète de mes intentions, on me propose le prêt d’une voiture, et un peu plus longtemps après, la tente est remplacée par une des chambres réservées aux étudiants, à cause du froid et de la pluie annoncée !
Et comme la wifi est dans le bâtiment, je peux assurer le rendez-vous avec le 8ème rassemblement des femmes pilotes d’ulm, en direct, avec Dominique Méreuze, le président de la Fédération Française d’ULM. Bravo à Sylviane Chamu qui a tout prévu et réussi.
- Step 8 - 9 July 2011 - Humboldt, Sk to North Battleforth, Sk - 3:37-231km (average 65km / h)
Awake 5:20. I expected the weather to improve for two days. Today, after a big storm during the night, the sky is blue flawless, but the trees squirm. The weather conditions are strong, but possible. A large depression moved over the prairies and it moves back and forth at the whim of prevailing winds, once south, once west once east. There’s no way out. The fronts are followed and that between the front lines I will fly. Therefore be strong. I just enjoy the fact that gusts are stronger south than where I’m flying.

At 7am, call for a taxi to take me to the airport. Normally, this is the same as that which led me to check the impact of haile on Charlie. He has tried to find a can of 20l or two to fill, because the city doesn’t issue the gas other days of Monday, Wednesday and Friday. Finally, we come to understand and I leave with more than 20l, which should be sufficient. My road today can’t exceed North Battleford because of expected weather conditions, about 240 km, and again, provided it happen.
With the help of the person taxi driver, I ascend my wing and I prepare Charlie. Before leaving I warn that if the conditions are too hard, I will return.

Take-off in gusts, but acceptable. It is very cold this morning but the light and colors are beautiful, good visibility. The contrasts between canola in bloom and the deep blue lakes are beautiful. The posted speed is obviously not very important, between 30 and 40kt. At this rate there, minutes of flight are passing but the miles do not go fast. I fly quite low because the winds are advertised far more important to 6000ft, and will make me back ! It must be said that where I am now, the altitude of the floor is raised significantly from baseline. It is a peculiarity of Canada, it seems flat but consists of a series of plateaus that rise to the west. To the point that the weather charts for aircraft no longer display the winds at 3000ft since it is close to the surface. The cold is terrible this morning, fortunately I do not divested most of heated clothing. I note that even just today, if the flight had lasted longer ... But I still reserve for the mountains. The cold has a tendency to fall asleep, this is not the time in flight !
The gusts are dancing Charlie. The lakes are covered with the waves and the foam is formed. I do not remember what level it is on the Beaufort scale. It reminds me of my destination, the Beaufort Sea. If I come today to a total of 3000km, it means that I still have 5000 to get there. But will I succeed ?

I watch the clouds that develop, traces of rain on the gps. I note again that this is not very reliable in close proximity. It’s raining on my right and no trace appears. I must remain vigilant to the reality and anticipate. The GPS also made his own, stopping several times so it moves. But not the spot today !
I enjoy flying over the farmland and livestock, to rediscover these factory farms, but also the corrals for cattle ranching. The calves in niches of white plastic impress me. And occasionally, i see horses with cows, llamas, but not sheep. In fact, sheep, I have seen in Nova Scotia last year. I try to imagine what is that culture, what is its height and density in case of emergency landing, to find the pitfalls and identify assets. The old facilities, with the old silos, wooden houses, also awaken memories of lectures, films, the settlers and their living conditions.

But even if I go more to the bad weather, I take only one shower in the last ten minutes before arriving in North Battleford. Announced the gusts at the airport are a 22kt 18kt wind on the surface. I can see the windsock squirm, I am fortunate to have a runway just with the wind. Maximum concentration, positive spirit. Charlie and arises perfectly. I roll into closed sheds, everything seems to desert ...
Already, in this airport control zone, amusing I had received no response from controller, i had worried about the operation of my radio, or the choice of frequency ... but no, all is good, just there is no one. Except these two large hangars clearly intended to operators of aircraft aerial, I see one man. I walked over to him. Presentation, I ask for help because of the wind, a place in a shed if possible. And the answer is yes ! I am always amazed when it’s yes.

A dozen people come from everywhere, especially young people, and the head of the place that made the decision. A hangar is open, Charlie returned quickly, the door closed. Good humor prevails among these people, kindness, respect each other.
Introductions, explanations of Charlie and I am invited to have meal. We are eleven around the table, the first time I see that in Canada. Fran is the manager of the company That is spray crops, instruction on recreational aircraft and also treatment plane, as well as aircraft maintenance. A big company. But everything is steeped in simplicity. There are concerns about my intentions, I was offered the loan of a car, and a little longer after the tent was replaced by one of the rooms reserved for students, because of the cold and rain !
And as the wifi is in the building, I can assure the appointment with the eighth gathering of women pilots of Ulm, live, with Dominique Méreuze, President of the French Federation of ULM. Congratulations to all who Sylviane Chamu planned and managed.
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